Machination, intrigue et résolution – Une histoire plurielle de la préméditation
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Description
En 1898, consacrant sa thèse de doctorat à la préméditation, l’avocat Henri Legrand notait l’absence d’ouvrages existant en France sur la question et ajoutait que la nécessaire modernisation du Code imposait de réfléchir à la pertinence de cette notion. Cet appel, demeuré sans écho, invite à rouvrir le dossier pour analyser les théories, suivre les pratiques et s’interroger sur les discours qui accompagnent la prise en compte de la préméditation et les enjeux qu’elle mobilise. Car ce qui n’est pas exactement une spécificité française n’est pas non plus une réalité universelle : la Grande-Bretagne et les États-Unis ne tiennent pas compte de la préméditation dans l’évaluation des crimes, tandis que le Pérou et le Mexique, s’ils l’admettent, n’en font pas une circonstance aggravant les pénalités.
Nombreux sont les juristes, les psychologues et les criminologues qui ont insisté sur la nécessité de prendre en compte la durée pour mieux comprendre l’infraction – crime ou délit – et en évaluer précisément la gravité. Dès les années 1930, ces spécialistes distinguent trois étapes : la phase psychologique, la phase préparatoire qui peut être plus ou moins longue et qui correspond à la préméditation, et la troisième et dernière phase, celle de l’exécution. De manière plus pragmatique, des lexicographes considèrent que la préméditation est tout simplement une « décision prise d’avance ».
Or, en posant la question de la préméditation, c’est moins le crime que l’on examine que l’individu et l’énigme du passage à l’acte, suggérant que la prise en compte de la préméditation permettrait de distinguer plusieurs catégories de criminels, les « professionnels » et les « occasionnels ». C’est à ces questions, qui sont d’une actualité toujours criante, que ce livre se propose de répondre en les inscrivant dans le temps long, du XVIe siècle à nos jours, et en multipliant les approches afin de saisir la préméditation entre les discours et les pratiques.